Retrouvailles, chapitre 1 [PV Patty]

[HS: Désolée pour cette attente!! Je voulais faire quelque chose de bien, ni trop engageant ni trop réservé. J'ai opté pour la meilleure solution selon moi... Et je suis contente de ce que j'ai écrit!]

**Encore une mission derrière nous...**

Une mission ratée, oui! Un village ravagé par leur faute. Encore des remontrances à venir de la part de Shinigami-sama. Une fois de plus des habitations et aménagements territoriaux à rebâtir. Et cette perpétuelle routine qui revenait en boucle, après un court instant d'action intense.

Le travail manquait, il fallait le dire. Certains douteux et pessimistes parlaient de "calme avant la tempête", tandis que d'autres évoquaient une tendance malfaisante et démoniaque à la baisse.

Il était certain dans tous les cas que les sorcières et âmes dangereuses se faisaient de plus en plus rares par les temps qui courent, parce que chassées en masse, elles n'avaient d'autre choix que de se rallier aux -bonnes- causes de Shibusen ou alors d'accepter une mort prochaine, sans nul doute effectuée comme d'habitude lors d'une mission dite "secrète". Pour ne pas effrayer les plus jeunes étudiants de l'école, pour ne pas engendrer une quelconque polémique à leur sujet, pour ne pas perturber la vie des paisibles citoyens de Death City. Tout un tas de raisons plus ou moins potables afin de justifier ce genre de cachotteries.

Patty s'était adaptée à la forme de ce moule imposée par la toute puissance Shibusenienne; elle se chargeait des missions qu'on lui confiait à elle et son équipe sans sourciller. Par soumission? Par peur des éventuelles représailles d'une éventuelle rébellion? Non. Rien de tout cela. Simplement parce qu'au fond, elle avait une lourde dette envers ce Dieu. Et non des moindres! Elle lui devait reconnaissance et loyauté; elle se devait de lui montrer une volonté et une confiance qui soient infaillibles face à toute épreuve. Pourquoi? Parce que le respect qu'elle accordait à Shinigami-sama signifiait avant tout la gratitude qu'elle ressentait face au père de celui qui les avait sorties, sa grande soeur et elle, des griffes de la famine, du froid, de la misère et de la mort. Et cette justification se suffisait à elle-même.

C'est de cette manière qu'elle trouvait force et détermination lors de combats acharnés. En se rappelant qu'elle ne serait peut-être pas encore en vie sans Kid-kun. Sans le Dieu de la Mort.

**Arrête avec ça...**

Petit Pâté se secoua vigoureusement la tête, démêlant furtivement d'une main ses cheveux en bataille puis s'avança en direction de son meister qui était dans une discussion animée avec son père.

**BINGO!**

Des félicitations entre une flopée de reproches plus ou moins répétitifs. Comme à chaque mission...

Elle ne voulut pas en entendre davantage parce qu'elle savait que dans certaines conversations qui semblaient banales pouvaient en réalité relever d'une importance quasi-capitale. En effet, Death The Kid et son père avait un code de langage bien rôdé; ils pouvaient parler du beau temps et de la pluie tout en préparant une probable attaque contre Arachnophobia. C'était peut-être une conséquence des liens du sang. Qui savait?

Trêve de songerie, Patty fit demi-tour pour regarder à l'opposée de la rue sa Liz-chan qui tentait tant bien que mal de réconforter une femme d'une quarantaine d'années. Elle avait le dos légèrement voûté sous le choc de la bataille et se mouchait férocement à intervalles réguliers dans un tissu blanc. Sa bouche s'entrouvrait pour laisser s'échapper quelques mots confus tandis que sa grande soeur lui tapotait le dos sans grande conviction, remplissant seulement son devoir de citoyenne-bien-élevée.

Cette femme mi-abattue, mi-soulagée avait un visage serein et réconfortant. Ses fines lèvres légèrement ridées laissaient penser un passé plus ou moins perturbé et ses cheveux bouclés coupés à hauteur du creux de son cou lui donnaient l'impression d'une personne épanouie et heureuse. Elle lui rappelait la douceur et l'instinct maternel qui se dégageaient de Liz quand elle prenait soin de sa petite soeur lorsqu'elle s'occupait d'elle. Elle sentait chez cette femme quelque chose d'agréable, de protecteur et de chaleureux; quelque chose qu'elle aurait volontiers voulu quand sa mère les avait abandonnées, Lizzie et elle.

"-Patty! Tu viens? On récupère Kid et on s'arrache de ce trou!"lui cria-t-elle au loin.

La jeune fille s'exécuta aussitôt et rejoignit rapidement sa soeur qui semblait fatiguée, tant physiquement que mentalement après avoir servi de pseudo-psychologue à cette femme bouleversée.

Elle lui emboîta le pas, accompagnée de Kid-kun, pour prendre la route de leur manoir. Mais avant d'avancer davantage, Patty se retourna pour jeter un dernier regard à ce qu'ils laissaient derrière eux quand soudain, ses yeux se posèrent sur une tâche blanchâtre. Non. Ce n'était pas exactement ça.

"Son mouchoir" murmura-t-elle dans un souffle.

Ni une ni deux, Petit Pâté revint sur ses pas avec frénésie puis se stoppa en observant le tissu humide qui reposait lamentablement sur le sol défoncé. Elle le saisit d'une main ferme pour mieux analyser le mouchoir en soie. Le toucher était soyeux et délicat; elle sentait beaucoup d'amour et de tendresse se dégager de l'objet en question. Elle le fourra alors dans sa poche négligemment puis rattrapa à toute vitesse ses deux compagnons afin qu'ils ne s'impatientent pas trop et ne se doutent de quelque chose.

"C'est bon, on peut y aller!!" déclara l'ex-terreur de Brooklyn de son plus beau et grand sourire.

Elle rangea ses mains dans les poches de son short bordeaux puis caressait doucement le tissu qui se trouvait dans l'une d'elles.

Elle ne savait pourquoi mais elle pressentait le début d'une belle histoire à partir de cet instant.

Celle d'une promesse par un mouchoir...

"Pat', c'est crade! Des gens se sont mouchés là-dedans! Regarde, y'a un peu de morve... Qu'est-ce qui t'a pris de ramasser ce truc?"

Ces mots résonnaient dans la tête de Patty. Parce qu'elle n'en avait aucune idée, à dire vrai. Parce qu'elle avait agi par impulsion, par curiosité. Et puis, ce n'était pas comme si elle avait déjà fait pire que de ramasser un mouchoir sale! Lorsqu'elle était encore enfant, la saleté ne dérangeait pas autant Liz; elle l'avait même vue de nombreuses fois se cacher dans une ruelle sombre pour fouiller une poubelle volée.

En période de famine, la nourriture manquait et sa grande soeur donnait toujours à Patty ce qu'elle trouvait de mieux, réduite ainsi à finir les restes qu'elle pouvait récupérer des ordures des plus riches du quartier. Elle se souvient de cette douleur qui la transperçait quand elle la voyait si fragile, si désespérée. Elle faisait partie de ces mendiants au loin, avec ses cheveux en bataille, parfois des dreadnoughts s'y formant, la faim la poussant souvent au crime -même si elle s'efforçait de ne pas montrer cette facette d'elle en présence de sa petite soeur-, le regard souvent inquiet qui s'adoucissait toujours lorsqu'il se posait sur cette dernière. Des cernes légèrement bleuâtres soulignaient une fatigue et un inconfort permanents, donnant une intensité particulière dans le bleu des yeux de l'aînée des Thompson.

Elle se remémora également ce sentiment de peur la saisir au ventre lorsque Lizzie la laissait seule pour aller chercher à manger. Inquiète qu'elle ne revienne jamais. Qu'elle ne l'abandonne comme leur mère les avait quittées. Non, elle ne lui en voulait. Non. Mais il n'empêche que leur train de vie mené durant cette période de leur enfance n'avait été des plus confortables, et Patty se réjouissait à présent chaque jour de se réveiller dans un lit moelleux, dans des draps propres et jolis, de voir chaque matin un sourire radieux sur le visage de sa grande soeur, en jetant toujours à coup d'oeil à sa chevelure parfaitement lisse et éclatante de beauté.

Patty savait que si Liz prenait autant soin d'elle et de son corps, c'était parce qu'elle se refusait d'être aussi négligée que par le passé, qu'elle cherchait dans un sens à ne plus connecter leur enfance à la réalité, à cette nouvelle vie. A ce nouveau départ. Elle refoulait ainsi tous ces mauvais souvenirs, pour laisser place à un monde plus beau. Pour ces deux soeurs que la vie avait rapprochées à jamais.

"Viens. Rendons-le. Tu sais à qui il est?"

A peine le temps de revenir à la réalité qu'elle se retrouva avec ledit tissu de soie dans les mains tandis que sa soeur lui fit un bref signe de la suivre.

"Il est à la femme que tu as consolée toute à l'heure. Elle l'a fait tombé et j'me suis dit qu'elle devait sûrement y tenir, il est si beau..., répondit l'ex-terreur de Brooklyn avant d'ajouter,... mais elle n'était pas repartie de l'autre côté, plutôt?"

Petit Pâté saisit alors la main de sa soeur avant de s'élancer à toute vitesse dans la direction opposée. Puis très rapidement, elle se retourna, marchant à reculons, faisant face à sa soeur, la dévisageant, essayant de percer chacune de ses pensées. Voyant que ces tentatives de médium étaient vaines, elle fit demi-tour, lâchant au passage la main de Lizzie et prit un pas plus lent pour suivre la piste de cette femme au mouchoir égaré.

Patty leva les yeux au ciel et remarqua qu'elle n'avait pas encore fait une seule fois attention au temps.

Les nuages gris, certains virant sur un noir ténébreux -de ceux qui annoncent une prochaine tempête-, surplombaient tout Death City. Le Soleil ne parvenait sans nul doute à éclairer ne serait-ce que d'un rayon la ville, bien caché par cette épaisse étendue noirâtre. Le brouillard, quant à lui, s'abaissait au fur et à mesure que les secondes défilaient, créant ainsi une ambiance inquiétante et étrangement dangereuse, comme si les soeurs Thompson étaient les personnages centraux d'un film d'horreur.

**Bizarre...**

La jeune blondinette reniflait tel un chien de chasse l'air avoisinant, comme si une odeur inconnue lui était parvenue subitement jusqu'aux narines. Fronçant les sourcils, les muscles en action, elle se mettait en condition pour un éventuel combat au corps à corps (ou à l'aide d'un pistolet démoniaque). Elle n'avait jamais peur, prête à se donner à 200% dans une bataille, prête à y perdre la vie à chaque instant.

Cependant, la situation était tout autre qu'à l'accoutumée. Aux abois, Patty commençait à dégouliner de transpiration, son tee shirt lui collant à la peau, son front luisant, le dos mouillé; elle se sentait vulnérable dans cette atmosphère pesante et énigmatique.

Oui. C'était cela. Elle détestait ce sentiment. La vulnérabilité. La fragilité. Cette intrigante position d'infériorité.

Elle continua d'avancer, le pas plus sûr, plus concentré. Elle ne se retournait pas en direction de Liz, préférant se rassurer d'elle-même, se convaincre que tout cela n'était que pure invention de son esprit tordu. Petit Pâté ne voulait pas avoir à lire sur le visage de sa soeur le sentiment d'anxiété qui serait possible de l'habiter.

En même temps qu'elles marchaient toutes deux d'une allure peu pressée, Patty commençait à se détendre à nouveau.

**Pas de souci, nous allons simplement rendre le mouchoir à la gentille dame et ensuite, on rentrera chez nous, rejoindre Kid-kun qui n'oubliera pas de nous questionner...**

[HS: Désolée, c'est court mais bon, je ne voulais pas déjà être arrivée chez la mère, du coup, tu fais comme tu le sens. Soit Patty avait raison d'être inquiète, soit ce n'était qu'une pure invention, soit... Je pense que je t'ai laissé une certaine liberté d'écriture... Et puis, je n'avais pas grand chose d'autre à rajouter quant au point de Patty. Voili voilou!]

» Patty Thompson [le top du son xD]
» Joyeux anniversaire Patty!!!
» Quand Patty ramène deux amis: Confrontation au Manoir? (Soeurs Thompson, Kid?)